Inès Cherifi + Lili Castiglioni + Ange Paradiz + Baby B
La puissance de fascination de la musique d’Inès Cherifi est telle qu’il semble compliqué de la cadenasser dans une catégorie bien figée. Celle-ci n’est que mystère, miroitement, incapable de se soumettre à une quelque forme de clôture. Comme si les émotions, les visions et les désirs d’expérimentation de la Parisienne étaient toujours plus profonds, en perpétuelle expansion, constamment en équilibre entre des projets intimes et diverses collaborations avec le monde de l’art numérique (Mélanie Courtinat, Valentin Ranger, Salomé Chatriot).
Fin 2023, au moment de la sortie de son précédent EP (Foutains), Inès Cherifi disait ainsi vouloir se rapprocher toujours plus du classique. À l’écoute de Quests, c’est plutôt ses influences électroniques qu’elle embrasse, sans oublier d’accorder une place toujours plus importante à cette voix qu’elle a désormais besoin de faire entendre, à ces mots qu’elle ressent l’envie de communiquer. Parce que cette violoniste de formation se dit moins pudique qu’auparavant, parce qu’elle assume ressentir « un appel du corps assez fort », et parce que ce travail d’écriture et de chant lui permet d’approcher avec sensibilité des thèmes qui lui sont chers : l’amour, notamment. “I forget my hunter/I could love you even more”, chante-t-elle sur « Hunter », dans un mélange parfait de R&B et d'hyperpop, de musique opératique et d'ambiances lynchéennes.
Pour parvenir à un tel résultat, Inès Cherifi s'est notamment rapprochée de Krampf (Casual Gabberz) et de Paul Seul (ascendant Vierge), chargés de l'aider à clarifier certaines intentions, à figer des morceaux passés ces deux dernières années par des dizaines de formes différentes. « J’ai l’impression de passer ma vie dans un laboratoire intérieur où chaque sonorité qui surgit fait écho à des émotions personnelles, détaille-elle. La plupart des morceaux de “Quests” sont donc nés en référence aux bandes-originales de films contemporains, à la Max Richter, avant d’être modifiés par l’ajout de ma voix ou d’éléments électroniques, puis découpés et réassemblés sous une forme complètement nouvelle ».
Sur Quests, titre qui reflète autant sa quête intérieure que son amour des jeux vidéo en monde ouvert, Inès Cherifi n’est donc plus cette « violoniste de l’électro », une simple accompagnatrice au service de quelque chose de plus grand qu’elle. C’est une artiste à part entière, à la vision claire, suffisamment à l’aise et imaginative en studio pour s’associer à une chanteuse lyrique et à une flûtiste. Agencées telle une narration racontant une évolution, ces six nouvelles chansons passent ainsi d’une lumière pâle et apaisante, typique de ces mélodies rêveuses, économes, qui privilégient systématiquement la soustraction (« First Breath »), à des rythmes au BPM élevé, dans une débauche de synthés, de voix autotunées (« Shield ») et de sons saturés qui échappent à tout contrôle, toute retenue (« Cœurcore »).
« J'aime l'idée de soigner sa tristesse en dansant, ce contraste qui s'opère lorsqu'on mêle des sonorités qu'a priori tout oppose ». À l’instar de Crystallmess ou Oklou, Inès Cherifi cultive en effet méthodiquement ces paradoxes, ces tensions et ces vibrations, à la recherche d’une musique profondément immersive, d’un état presque méditatif. D'où ce Quests, souvent minimal dans l'exécution, mais toujours généreux en suggestions, en belles images.
HORAIRES
DU LUNDI AU DIMANCHE, INCLUS
LUNDI & MARDI : DE 17H À 02H
MERCREDI & JEUDI : DE 12H À 02H
VENDREDI & SAMEDI :DE 12H À 03H
DIMANCHE : DE 12H À 23H